La méthode d’élevage de porcs et les aliments jouent un rôle essentiel dans la phase de sevrage. De plus, des systèmes d’alimentation et des stratégies de gestion spécialement adaptées à l’alimentation des porcelets doivent être appliquées. Les systèmes d’alimentation modernes exercent ainsi une fonction importante : ils aident les agriculteurs à mieux contrôler le stress dû au sevrage, ainsi que les pertes lors des gains moyens quotidiens.
Tendances dans l’élevage de porcs
Au cours des dernières années, certaines tendances se sont imposées dans l’élevage ded porcelets et ont influencé la conception de la technique et de la gestion de l'alimentation. Ceci concerne entre autres :
- le sevrage en groupe des porcelets d'où des groupes d'animaux plus importants,
- le logement des porcelets d'élevage dans des porcheries séparées, à distance du troupeau de truies,
- la disposition compartimentée des salles et
- les exigences accrues en termes de technique d’alimentation.
Le maintien d’une performance élevée est uniquement possible si la technique et la gestion sont parfaitement adaptées aux différentes périodes de croissance des animaux, de sorte que les agriculteurs puissent réagir rapidement en cas de besoin.
Trois phases de l'élevage de porcelets
L’élevage de porcelets se compose de trois phases principales qui sont toujours citées dans les ouvrages spécialisés :
- les dix premiers jours après le sevrage,
- du 11ème jour suivant le sevrage jusqu’à un poids vif d’environ 16 kg et
- à partir du poids de l’animal de 16 kg jusqu’à la fin de l’élevage de porcelets, soit un poids vif d'environ 28 à 30 kg
Les premiers jours suivant le sevrage constituent la phase la plus critique pour les porcelets. Il s’agit en effet de la phase de transition entre le lait de truie naturel très digeste et les aliments produits de façon artificielle. En même temps, les animaux doivent s’habituer à leur nouvel environnement et se familiariser avec les nouveaux membres du groupe. Étant donné que le système digestif et le système immunitaire des animaux ne sont, à ce stade, pas encore complètement formés, le risque de diarrhées est très élevé. Une mesure de prévention contre la diarrhée est la distribution fréquente de petites portions d’aliments riches en substances nutritives très digestes. De plus, les porcelets doivent s’habituer aussi vite que possible aux nouveaux aliments, mais cela doit toutefois se produire progressivement afin de minimiser l'inévitable «arrêt de croissance» après le sevrage.
Alimentation soupe pour l'élevage de porcelets : une consistance optimale des aliments
Cette transition progressive peut réussir avec une alimentation soupe qui fournit une consistance des aliments adaptée aux besoins nutritionnels des porcelets, sous forme liquide ou de soupe.
Dans ce contexte, les installations spéciales à contrôle de détection destinées à l'alimentation soupe des porcelets gagnent de l’importance. Avec ces systèmes, les portions d'aliments individuelles sont transportées jusqu’à la mangeoire avec de l’air comprimé et une fois l'alimentation terminée, aucun reste n’est par conséquent constaté. Ces installations garantissent une excellente hygiène de l’alimentation pour l’élevage de porcs. En outre, elles permettent une adaptation optimale de la composition et de la température des aliments aux besoins des porcelets.
Consommation d'aliments synchronisée dans le temps pour l’élevage de porcs
Afin de favoriser l'adaptation à la nouvelle situation (porcherie différente, nouveau climat, plus grosse unité d’animaux, aliments différents), une alimentation synchronisée dans le temps est requise, conformément au comportement d’alimentation propre aux porcelets. Ceci est parfaitement atteint avec un rapport animal / aire d'alimentation de 1 sur 1. Les quantités d’aliments peuvent ainsi être rapidement augmentées, jusqu’à l’alimentation à volonté au bout de dix jours environ. La distribution d’aliments chauds s’est avérée bénéfique car les porcelets l’ont beaucoup mieux acceptée. Les aliments sont ainsi plus appétissants et plus digestes, notamment pour les animaux sensibles. De plus, en raison de la température plus élevée, les aliments sont mieux utilisés et convertis en croissance.
Dans la phase à volonté, la consommation d’aliments est augmentée par une distribution plus fréquente de petites portions d’aliments frais. Ce faisant, l'hygiène de l'aire d'alimentation ne doit toutefois pas être négligée ! Des pauses de l’alimentation pendant les phases naturelles de repos, le midi et la nuit, garantissent que les mangeoires sont complètement vidées.
Alimentation soupe par blocs de temps
À partir d’un poids d’environ 16 kg, les animaux entrent dans une phase où ils doivent se partager l'aire d'alimentation avec d'autres animaux. Pour les porcelets, cela implique des combats de dominance et une augmentation du stress. À cet âge, la structure sociale des animaux s’est déjà développée si bien que l'ordre de la consommation d’aliments est défini en fonction de la hiérarchie. Les animaux en haut de la hiérarchie se nourrissent avant ceux du bas de la hiérarchie.
En ce qui concerne l'organisation de l'alimentation, cette phase doit être accompagnée d’une alimentation en blocs à volonté. Cela signifie que les animaux sont alimentés à satiété par plusieurs blocs d'alimentation quotidiens. Au sein d’un bloc d’aliments, une distribution échelonnée d’aliments permet également d'alimenter suffisamment les animaux du bas de la hiérarchie. Avec l’alimentation à volonté classique, les animaux en bas de la hiérarchie peuvent se nourrir seulement plus tard, c'est-à-dire une fois que les porcelets de la hiérarchie supérieure ont pris leur ration.
Hygiène de l'élevage de porcelets
Le niveau d’hygiène dans l’ensemble de la porcherie, notamment avec un approvisionnement en aliments et en eau - est de très grande importance. Une exposition aux germes de toute sorte doit impérativement être évitée et contrôlée à intervalles réguliers ! Il est impératif de surveiller de près toute la chaîne d'approvisionnement, depuis le stockage des composants bruts en passant par la préparation des mélanges d’aliments et le transport, jusqu'aux aires d'alimentation ! Si une attention insuffisante est accordée à l’hygiène en cas d’alimentation soupe, des biofilms peuvent se former dans les gaines et représenter un milieu favorable au développement de diverses bactéries. De même, la qualité de l’eau utilisée doit être vérifiée régulièrement car elle représente l’un des éléments les plus importants pour l’élevage de porcelets. Malheureusement, ces consignes sont trop rarement respectées.
Alimentation sèche pour l'élevage de porcs: une technique d'alimentation simple et hygiénique
Dans de nombreuses exploitations, les porcelets sevrés sont encore actuellement nourris avec des aliments secs. La technique simple de l’alimentation sèche et le transport hygiénique des aliments jusqu'à la mangeoire sont notamment considérés comme des points positifs. La distribution d'aliments et la technique d'alimentation en elles-mêmes sont très faciles à gérer.
Dans le cas de l'alimentation sèche classique, les porcelets disposent ainsi dès le début, d’aliments secs à volonté. Les porcelets doivent toutefois produire beaucoup plus de salive si bien que la consommation d'aliments dure plus longtemps que dans le cas d'aliments sous forme liquide ou de soupes. Il est nécessaire de veiller à ce qu’une distribution suffisante en eau soit assurée par le biais d'abreuvoirs facilement accessibles, étant donné qu’au cours de l’alimentation, les porcelets passent toujours en alternance du nourrisseur à l’abreuvoir. Si les porcelets n’ont pas la possibilité de prendre suffisamment d’eau, les rations d’aliments peuvent être diminuées. Afin de minimiser le risque de diarrhées, de nombreuses exploitations proposent pour les premiers jours, des aliments dans des mangeoires supplémentaires (par ex. des mangeoires d’alimentation manuelle). Ainsi, la transition de la consommation de lait rationnée avec la truie à l'alimentation à volonté avec le nourrisseur est facilitée.
Exigences techniques relatives à l’alimentation sèche
Au cours des dernières années, les exigences concernant la technique d’alimentation en termes de performance et de santé des animaux n'ont cessé d'augmenter. La consistance des aliments dans la mangeoire, la composition des aliments, le rapport animal / aire d'alimentation et la fréquence de l’alimentation sont les critères importants qui gagnent de plus en plus d’importance.
Dans ce contexte, le nourrisseur à soupe s’est progressivement imposé comme la meilleure alternative à l'alimentation sèche classique. Grâce aux abreuvoirs disponibles dans la mangeoire, les animaux peuvent mélanger eux-mêmes les aliments secs en une masse homogène. Ces aliments sous forme pâteuse sont très bien acceptés par les porcelets dont la consommation quotidienne d’aliments est par conséquent supérieure à celle dans le cas d’une alimentation purement sèche. Différentes études ont démontré que le gain quotidien est ainsi augmenté efficacement. Avec le nourrisseur à soupe, le suivi requis est toutefois légèrement supérieur puisque le réglage du système de dosage doit être vérifié plus fréquemment. Ce réglage doit permettre d’éviter que les animaux ne mouillent trop d'aliments à la fois car ces aliments ne seraient pas tous consommés.
Des rations fréquentes et plus petites peuvent réduire le risque de diarrhées en empêchant une surcharge du tractus gastro-intestinal. Les systèmes d’alimentation modernes commandés par ordinateur permettent à présent de réaliser cette stratégie pour l’alimentation sèche.
Dans le cas de l’alimentation sèche, la qualité des aliments utilisés est également extrêmement importante. Outre l’appétence, la structure des aliments et la composition nutritionnelle selon les besoins, l’hygiène du silo joue également un rôle primordial.
Deux techniques d’alimentation différentes pour l'alimentation sèche
D’un point de vue technique, il convient de distinguer deux systèmes commandés par ordinateur pour l’alimentation sèche, selon si les aliments doivent être distribués sur différentes vannes, en fonction de leur volume ou de leur poids.
Dans le cas du dosage des aliments selon le volume, aucun mélangeur n'est requis étant donné que les aliments sont directement coupés dans le tube de transport. Dans la trémie d'aliments sous chaque silo se trouve une vis commandée par la fréquence, qui dose tel que défini les différents composants alimentaires en quantité correspondante dans le tube de transport. Les composants sont mélangés ici afin d’obtenir la préparation souhaitée distribuée ensuite par la vanne. Le dosage des aliments selon le volume est un système d’alimentation simple et économique. Aucune unité de distribution ou salle de préparation n’est nécessaire. Une mesure en litres des différents composants est seulement requise.
Une alimentation sèche commandée par ordinateur avec dosage des aliments selon le poids fonctionne avec un mélangeur pesé. Pour chaque vanne, il est ainsi possible de créer une préparation d’aliments individuelle et ce, avec une qualité et une précision de mélange de très grande qualité. De plus, sur chaque vanne, une alimentation à phases multiples est possible et en option, le tout peut être même développé en tant qu'alimentation par sonde. Dans chaque trémie d'aliments se trouve alors une sonde qui indique à l'ordinateur si le récipient est vide au début de l'alimentation.
Alimentation sèche / alimentation soupe pour l'élevage de porcelets: un bilan
Qu’il s’agisse de l’alimentation sèche ou de l’alimentation soupe, ces deux types d’alimentation sont appropriés pour l'élevage de porcelets. En définitive, les caractéristiques de l’exploitation, les exigences individuelles de l'éleveur de porcs ainsi que les composants alimentaires prévus sont les éléments décisifs pour le choix d’un système d’alimentation. Une technique d’alimentation parfaitement adaptée à l’exploitation concernée est en effet la clé du succès.
Auteurs: Dr. Anne Elkmann et Norbert Bärlein, Big Dutchman
Cet article a été publié dans un numéro spécial de la revue spécialisée anglaise Pig Progress : Pig Progress Piglet Feeding Special 2011 (Vol. 27)